On entend fréquemment parler aujourd’hui de « découvertes »
Qu’il s’agisse d’artistes, musiciens, poètes, écrivains, cinéastes ou acteurs
Ou même d’hommes ou de femmes politiques…
On entend parler d’une nouvelle façon de vivre…
Dans une nouvelle époque, on nous annonce une nouvelle révélation
Des les domaines de l’art de la littérature ou de la politique…
Pour tenter, dirait-on, d’échapper à la morosité de la vie moderne, Bizarre…
Complètement à l’opposé de ce que j’ai pu ressentir quand, au cours d’une balade,
Je suis tombé tout à fait par hasard un soir de brocante,
Sur le jardin de Mireille Camus à Tauriac, village du Lot.
Je fuis généralement ces banals marchés de village
Mais je me suis retrouvé là dans ce jardin féérique,
Atelier en plein air,
Comme L’Enfant et les Sortilèges de Ravel et Colette…
Des tableaux de toutes tailles, des plus grands aux plus petits,
Perchés sur des chaises de jardin
Accrochés aux portes ou à tout autre support,
Et la voilà, Elle, l’artiste même
Toute discrètement escamotée parmi l’amas de ses œuvres.
J’ai tout de suite vu, derrière son évidente timidité
Son regard sensible et généreux sur ces deux visiteurs d’outre-Manche.
Instantanément elle nous a accueillis et s’est mise à nous expliquer pourquoi et à nous montrer comment elle concevait et composait ses œuvres…
Les grandes toiles colorées et denses, frénétiques telles que « Les Docks » ou « Mephisto » ou les petits tableaux en noir et blanc, empreintes sur papier, plus intimes, plus secrètes,
Et qui demandent plus d’attention et de disponibilité à leur public,
Son choix de couleurs…
Elle voulait nous dire que tout arrivait comme par hasard, Qu’elle peignait presque par accident…
C’est une provocatrice de l’imagination
Et c’est ça que j’ai envie de chanter sur les toits
Elle fait travailler notre imagination et notre sensibilité mieux que de grands professeurs,
Elle se déclare autodidacte
Mais elle sait enthousiasmer toute une classe de primaire de l’école de Tauriac,
Jamais je n’oublierai les sourires et l’émerveillement des enfants qui sortaient de l’Atelier, Heureux et riches car ils gardaient avec eux comme des trésors
Leurs premiers essais d’empreintes à l’encre sur papier.
Je suis depuis ce jour dans le plaisir quotidien de vivre avec Mireille,
Accrochée sur les murs de mes maisons du Lot ou d’Amsterdam
Et qui m’inspirent à chaque instant.
Ma première acquisition fut « Montagnes »(3), Une immense étude en bleu, huile sur toile, vue aérienne,
Une descente précipitée entre les nuages
Au dessus des montagnes couvertes de neige Une émotion forte, identique à celle que j’ai ressenti
En atterrissant pour la première fois sur l’aéroport de Salzbourg
Terrifiante et sereine à la fois.
« Le Buisson » (4), acrylique sur toile, forme noire un peu sinistre Sur un fond chaud et sablé
Il y a des esprits qui vivent dans ce buisson
Et le font changer de forme à chaque passage
A REMPLACER
« Le Hameau » (5), fusain et eau sur toile,
Très attirant ce petit village en noir et blanc
Très très complexe l’émotion ici,
Sombre Schubert du Winterreise, Im Dorfe… es bellen die hunde es schlafen die menschen
Les chiens aboient, les gens dorment, mais c’est la fin des rêves… Ich bin zu ende mit traumen… qui sait ?
Une sélection d’empreintes (6), encres sur papier, petits et moyens formats,
Me suit partout dans la maison… surtout près du piano,
En noir et blanc, on y voit ou plutôt on imagine des paysages, des arbres noirs, Toujours Schubert, matière pour le Voyage d’Hiver,
Psychanalyse douce et confinement,
Avant le retour à la vie normale.
« Mephisto », la tête enfouie dans son enfer
Me fait penser au rôle fétiche de ce personnage démoniaque Que j’ai beaucoup chanté
Dans les théâtres du monde…
Faust de Goethe et de Nerval,..
La Damnation de Faust…
Mephisto triomphant…
Que Mireille triomphe aussi !
David Wilson-Johnson est chanteur lyrique (baryton) et musicien
Issu de l’Académie Royale de Musique de Londres, Il a chanté dans de nombreux opéras, et donné des concerts et récitals dans le monde entier.
